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 Sujet du message: Contes des Terres Gelées
MessagePosté: Lun Juin 20, 2011 8:37 pm 
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Contes des Terres Gelées d'Irilion


C'est le titre d'un bel ouvrage relié de cuir travaillé qui gît sur l'une des étagères du palace de l'ANGE. Poussé par la curiosité, vous l'ouvrez délicatement.
Voici ce que vous pouvez lire en deuxième de couverture:


Citation:
Ce livre de contes, écrit à ma demande par Feydreyah, pérennise son intégration dans l'Assemblée Neutre des Grands Explorateurs.
Yorwan.

Première édition, Elfist 375.



Vous tournez une feuille immaculée pour trouver le sommaire:

Citation:


Dernière édition par Feydreyah le Lun Juin 20, 2011 8:54 pm, édité 2 fois.

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 Sujet du message: La clairière maudite
MessagePosté: Lun Juin 20, 2011 8:39 pm 
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La clairière maudite.


Si vous vous promenez dans la région d’Irinveron, vous remarquerez qu’au nord de celle-ci, on longe une curieuse barrière végétale. Vous tenterez peut-être comme moi de traverser les buissons épineux et de vous glisser entre les troncs serrés d’arbres séculaires. En vain ! La dense couronne verte empêche le curieux de voir ce qu’il se trame de l’autre coté. La magie elle-même semble ne pas affecter les arbres et les haies.

J’ai contourné l’étrange enclos pendant de longues heures, puis, déçue de n’avoir pu percer le mystère, je m’en suis allée questionner les villageois alentours.

Si plusieurs ne semblaient guère enthousiastes à l’idée d’évoquer le sujet, je finis à force de persévérance par rencontrer un vieux galdur content de trouver là une occasion de tromper son ennui.

Il prit une profonde inspiration et commença son histoire.
Il me raconta qu’un jour, un Féal créa un monstre aux pouvoirs surprenants qu’il comptait utiliser pour lutter contre l’hégémonie coloniale des Îlots centraux. Hélas, il se trouva que la créature n’était pas assez meurtrière à son gout et lassé de sa création, il la libéra dans une région froide et boisé d’Irilion.

Les temps passèrent…

Une tribu galdure vint s’installer dans la région d’Irinveron. A peine les premières maisons dressées, elle vit sa population décroitre de la plus mystérieuse des façons. En effet, Les enfants disparaissaient les uns après les autres sans que personne ne comprennent vraiment pourquoi… Il devenait fréquent d’entendre, au petit matin, les lamentations d’une mère penchée sur le lit vide où reposait pourtant la veille son enfant chéri.
La région était dangereuse, il est vrai. Les bêtes sauvages et le froid pouvaient avoir raison de ces vies si fragiles. Mais on ne retrouverait aucune trace des disparus.

Un fier et courageux guerrier galdur n’en pouvant plus de ces pleurs et inquiet du devenir de ces enfants, s’enquit de résoudre cette curieuse affaire. Tous les jours, il faisait le guet aux abords du village dès la tombée de la nuit.
Un soir, alors qu’il entamait à peine sa ronde nocturne, il aperçut une petite silhouette se glissant entre les maisons. Ni une ni deux, le galdur s’empressa de suivre l’ombre qui s’élançait vivement sur les chemins enneigés. La course poursuite dura ainsi près d’une heure et le galdur cru perdre plusieurs fois la piste de la petite silhouette, derrière de grands rochers ou des arbres aux troncs épais.

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Au beau milieu d’une clairière, enfin, la silhouette s’arrêta et à la lumière de la lune, le galdur reconnu un enfant du village. Il héla l’innocent mais celui-ci semblait ignorer la présence du bienveillant.
Le jeune agitait les bras dans le vide, comme s’il s’affairait à une tâche invisible. Le guerrier s’approcha doucement, intrigué par ce comportement et se plaça devant l’enfant… Ce qu’il vit alors n’avait que très peu de sens. Le petit portait à sa bouche des aliments imaginaires et semblait en retirer un plaisir immense. Le guerrier galdur saisit rudement l’enfant par le bras pour le ramener de force au village.
L’enfant résista à l’élan et resta planté, tel un arbre profondément enraciné. Il regarda alors le galdur tout en continuant à mastiquer dans le vide. Ses yeux devinrent tout à coup blancs et il s’écroula alors sur le sol.
Le guerrier, surpris, se pencha sur l’enfant…

Son instinct l’avertit d’un danger et il entendit comme un grognement rauque à quelques pas de lui. Sans rien distinguer pourtant, il sentit la présence menaçante de quelque chose qui se rapprochait de lui. Il n’eut le temps que d’apercevoir un tassement de neige devant lui avant de se retrouver soudainement projeté dans les airs. L’impressionnant galdur vola comme un vulgaire pantin et atterri lourdement quelques mètres plus loin.
Il était courageux, ce galdur, et entêté. Malgré le choc et la surprise, il se releva d’un bond et fondit sur l’attaquant invisible en brandissant sa massue et éructant des cris de guerre. Il devait sauver l’enfant. Plus rien d’autre ne comptait.

    Image
Le combat dura longtemps. Il abaissa plusieurs fois sa massue dans le vide mais de temps à autre, il semblait toucher quelque chose et entendait avec satisfaction le bruit si particulier des os que l’on écrase et les râles de douleur qui les accompagnaient. Ce quelque chose lui assenait également des coups violents mais toujours, le galdur se relevait lorsqu’il tombait et sa rage de vaincre s’en voyait décuplée.
Un grand combattant était à l’œuvre dans cette clairière. Au bout d’un moment, il ne perçut plus aucun mouvement. La neige ne craquait plus et on ne sentait plus ce souffle chaud qui glacerait pourtant le sang de tout autre. La bête semblait s’être retirée…
Le Galdur, pourtant terriblement blessé, ne perdit pas de temps et s’empara de l’enfant encore inconscient, avant de rallier le village en courant.

Le soleil se levait sur les terres de neige.
La tribu, à peine éveillée, vit arriver un de leur compagnon en sang avec un enfant inerte sous le bras. L’étonnement passé, on s’empressa de leur porter secours. Le petit fut pris en charge par les femmes du village et les hommes se pressèrent autour du guerrier pour d’une part lui panser ses plaies mais aussi pour le questionner. Le vaillant galdur balbutiait ce qui s’était passé devant les expressions médusées des villageois. D’aucun semblait véritablement le croire mais force était de constater les entailles profondes et diverses morsures sur le corps du guerrier.
Le chef décida d’envoyer une dizaine de ses meilleurs hommes traquer le monstre. Hélas, ils ne trouvèrent aucune trace de la bête.

On ne sut jamais vraiment ce qu’il était advenu de la créature et si elle avait réellement existé en dehors de l’imagination du galdur. Mais plus aucune disparition d’enfant ne fut à déplorer dans des circonstances aussi mystérieuses.

Le chef fit appel à la magie d’un Haut-mage elfe de passage dans la région. Ce dernier accepta d’apporter son aide et dressa alors cette fameuse barrière végétale pour empêcher quiconque de pénétrer dans la clairière désormais réputée maudite. D’après le Mage, le sort était assez puissant pour que rien ne puisse non plus s’échapper de ce cercle magique.

Ainsi l’histoire se finit ou pas tout à fait. Le vieux Galdur s’essuya la bouche et ajouta que l’enfant se remit assez bien de son aventure et devint à son tour un valeureux guerrier. Aujourd’hui encore, il paraitrait qu’il conserve au fond de sa mémoire les bribes d’un rêve étrange où attiré par des odeurs fabuleuses, il se serait précipité au devant d’un banquet majestueux où les parfums et les saveurs lui raviront toujours le palais tant le rêve fut intense.
Je vous jure qu’en cet instant, je crus voir dans le regard du vieux, un éclat empreint de gourmandise.

Après avoir remercié mon conteur, je suis retournée aux abords de la clairière interdite et y suis restée un bon moment. J’ai tendu l’oreille et fermé les yeux forts dans l’hypothèse de percevoir les bruits de craquement de neige sous des pas et d’un quelconque souffle rauque.
Puis je suis repartie en jetant de temps en temps un coup d’œil en arrière, encore moins rassurée que je l’étais avant d’écouter cette terrifiante histoire.


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 Sujet du message: La beauté des glaces
MessagePosté: Lun Juin 20, 2011 8:44 pm 
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La beauté des glaces

Si vous parcourez un jour la région de Glakhmor, vous ne manquerez pas de visiter Dra Se Manat, une cité galdure creusée à même les montagnes, théâtre de grandes batailles et berceau de grands guerriers Galdurs dont les noms résonnent encore.
Parmi les nombreux récits épiques de héros d’antan, qui remportent généralement un franc succès auprès de la jeune population galdure, il y en a une légende qui peu à peu s’est enfui des mémoires, tout juste si quelques grands-mères s’en souviennent encore. Une légende qui parle de beauté... et de naïve vanité.

Il s’agit de l’histoire de l’unique fille d’un des plus grands chefs que les Galdurs eurent connus. En cela, elle inspirait déjà un grand respect mais elle suscitait davantage une certaine adoration au regard de son extraordinaire beauté.
On organisait régulièrement des tournois en son honneur pour obtenir ne serait-ce qu’un de ses regards. On la couvrait de présents divers, trophées de chasse ou pierres précieuses, en espérant qu’elle vous fasse grâce d’un sourire. On restait des heures au pied d’un escalier qu’elle empruntait souvent pour avoir le privilège de lui tenir la main pour l’aider à passer la première marche qui était un peu plus haute que les autres. Plus généralement, on se battait avec rage pour être celui qui répondrait au moindre désir de la belle.

Oh ! Elle était consciente de son atout et le cultivait, il est certain.
Elle s’amusait de toutes ses attentions. Elle en devenait orgueilleuse… Plus rien d’autre ne pouvait plus la préoccuper que de conserver cette beauté si parfaite.

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Un jour qu’elle se mirait dans le reflet d’une colonne de glace, quelqu’un la héla. Il s’agissait d’une humaine… sans doute sinane, au jugé de sa tenue très sombre et austère et de la pâleur de sa peau. L’étrangère semblait subjuguée par la beauté de la Galdure et ne tarissait pas d’éloge à ce propos. Voilà de quoi flatter l’égo de la narcissique jeune fille qui, ne se lassant pas de tant de compliments, invita la Sinane à rester dans la cité aussi longtemps qu’elle le désirait et même à la visiter régulièrement.
Et c’est ainsi qu’elle en fit sa dame de compagnie.

Au cours de leurs nombreux entretiens, entre deux flatteries, la dame noire dispensait des conseils assez particuliers pour entretenir cette beauté d’une réelle exception. Elle confia même à la princesse qu’il était possible de la conserver, comme telle, à tout jamais.
Oh ! Il n’aurait pas été utile d’en dire plus.
La jeune fille, qui semblait véritablement hypnotisée par tous les dires de son étrange amie, se laissa convaincre de l’utilité et même de l’absolu nécessité de tous les soins qu’elle préconisait.

La Sinane prétendit que la plume de pingouin rendait la peau plus souple et plus douce. Aussi, tous les matins, la belle se faisait donc livrer son aile de pingouin fraichement chassé par le premier prétendant venu et faisait glisser cet éventail de plumes du petit orteil à la lisière de son cuir chevelu une bonne cinquantaine de fois avec une certaine vigueur. Elle était si consciencieuse qu’elle n’entendait pas les petits rires moqueurs de quelques autres jeunes filles de la cité qui observait le curieux manège.
La Sinane déclara que l’air froid avait pour effet d’empêcher les rides d’apparaître. Alors, quand le soleil était à son point le plus haut de la journée, la jolie Galdure gravissait péniblement la même colline tous les jours et offrait son visage aux bises glaciales. Et elle pouvait rester comme ça des heures les yeux fermés s’empêchant de greloter tellement convaincue du bien que cela lui faisait.
La Sinane affirma que l’eau très froide rendait la peau ferme et conférait un joli teint uniforme. Donc, la princesse ordonna l’aménagement d’un bassin à l’extérieur de l’enceinte de la cité. La nuit tombée, elle se plongeait ainsi entièrement dans l’eau glacée et y restait jusqu’à la limite du souffle coupé. Elle n’hésitait pas à y retourner une deuxième fois et poussait le zèle à se rouler dans la neige entre les deux bains.

Il vint un jour où la belle tomba gravement malade. Elle toussait à vous fendre le cœur et sa peau prenait une couleur jaunâtre inquiétante en même temps qu’elle se couvrait d’étranges lésions rougeâtres. Elle s’affaiblissait de jour en jour.
Oh ! Elle était terriblement malheureuse, se sentant si laide et si seule car tous avaient peur de sa maladie. Il n’y avait plus personne plus pour l’admirer.

Elle n’avait évidemment plus la force nécessaire pour faire ses soins quotidiens et s’en plaignait à sa dame de compagnie. Celle-ci lui suggéra de se faire construire un lieu clos taillé à même la glace pour d’un part profiter encore et toujours des bienfaits du froid mais en plus s’isoler le temps de sa guérison.
La princesse donna ses ordres. Un incroyable monument de glace fut érigé en dehors de la cité. Les ouvriers galdurs y avaient mis tout leur cœur pour faire plaisir à la belle si malheureuse.

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La Galdure fut transportée en silence à l’intérieur des locaux de glace et la dame noire ferma la lourde porte de bois quand le dernier des hommes fut sorti.

Tous les jours on venait déposer de quoi manger devant la porte et différents produits et objets que la sinane commandait via un petit billet qu’elle glissait entre les jointures de la porte et qui lui servaient soit disant à soigner la princesse. Parfois le chef Galdur venait frapper lui-même à la porte de la bâtisse. Mais toujours la Sinane le renvoyait, lui disant qu’il ne valait mieux pas qu’il l’approche tant qu’elle n’avait pas identifié le mal de la jeune fille et qu’elle l’aurait complètement soigné.

Cela dura quelques fingeliens…

Un jour le chef décida qu’il était temps de savoir ce qu’il se passait à l’intérieur du monument de glace. Il ordonna qu’on y entre de force et qu’on lui ramène sa fille !

La garde personnelle du chef força la grande entrée en chêne à l’aide d’un immense bélier.
Quand la poussière se dissipa… Dans l’unique salle, aux dimensions importantes, on découvrit un désordre sans nom.
Quelques tables dans un coin, étaient jonchées d’un matériel surprenant, comprenant divers récipients de verre dans lesquels fumaient encore des mixtures aux couleurs vives. Dans un coin, un foyer encore chaud et des peaux de bêtes en tout genre, éparpillées tout autour sans grand soin.
Il y avait de nombreux écrits un peu partout. Les parois de glace étaient elles-mêmes recouvertes par endroit de symboles inconnus.
L’ensemble faisait penser à un laboratoire. Il y régnait une odeur forte de mort.

Et puis il y avait cette colonne qui attirait assez vite le regard… Une masse sombre semblait être emprisonnée dedans…
Un des gardes frotta un peu le givre puis s’approcha en fronçant un peu les yeux pour mieux voir… Jamais on n’avait vu pareil expression d’horreur se dessiner sur le visage d’un Galdur. Il en perdit l’équilibre et se retrouva par terre et balbutia une description terrible…
Il s’agissait du corps d’une femme portant bijoux et parures appartenant à leur si belle princesse mais… Elle n’avait plus son visage comme si on lui avait arraché…

Les gardes remuèrent avec rage les écrits épars et les instruments pour tenter de comprendre ce qu’il était advenu de la jeune fille… On fouilla tous les recoins et on cria le nom de la dame noire qui visiblement avait fui rapidement l’endroit. Elle seule savait.
Mais les recherches furent vaines. Ni explication quant à la macabre découverte, ni traces de la Sinane qu’elle fut elle aussi morte ou encore vivante.

On brisa la glace autour du corps. Le chef ne reconnaissant pas sa fille et pourtant incapable de renier complètement ce cadavre décida de ne pas recourir à la crémation, pourtant tradition galdure. Il ordonna qu’on le mette dans un cercueil et que ce dernier soit placé au centre du monument de glace… là bas à l’abri des regards.

On découvrit quelques temps après que le bassin intérieur du monument de glace –petit caprice de la princesse- communiquait avec celui construit à l’extérieur…
Les rumeurs commencèrent à aller bon train. On entendit ça et là des histoires de sombre dessein et de magie noire. Des histoires de dame noire profitant des largesses d’une fille de chef à coup de flatteries et de venin.

Quelques fingeliens passèrent encore quand un jour un Galdur de la cité revint d’un long voyage. Il jura devant tous lors d’une veillée qu’il lui sembla un jour apercevoir au loin une dame allant et ayant le divin visage de leur princesse défunte.

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Moi, sur ces terres gelées, j’en croisé nombre de beautés extraordinaires. Des colonnes de glaces sculptées, des lacs aux brumes fantastiques, des plaines immaculées, le calme impressionnant de ces déserts blancs… C’est pour moi cette nature qui aura pour l’éternité le plus beau des visages.


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 Sujet du message: Le pommier des neiges
MessagePosté: Lun Juin 20, 2011 8:47 pm 
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Le pommier des neiges

Il est un fait des plus étranges lorsque que vous arrivez sur l’ile des oubliés.
Faites quelques pas en direction du pont que vous apercevrez un peu plus loin légèrement sur votre droite. Vous trouverez quelques pommes bien rouges contraster joyeusement avec la blancheur de la neige, au pied d’un… pin. Des enfants sont assis autour de l’arbre et se moque de votre air surpris. Sans nul doute une plaisanterie.
Et pourtant…

Plusieurs dizaines de fingeliens auparavant, un enfant très gourmand habitait au village. Il était particulièrement friand… de pommes. Croquée à pleine dent, en compote, en tarte, en jus, glacée ou à la mode kultare. Il se régalait de la pomme sous toutes ses formes !
Il avait pris l’habitude d’attendre à l’entrée du village, en faisant les cent pas, l’arrivée du marchand elfe qui amenait régulièrement depuis Fénégor les fruits de son désir. Lorsqu’il apparaissait, le petit garçon fondait sur lui en sautillant de joie. Le marchand était amusé et touché quelque part par cet accueil chaleureux routinier. Mais il était commerçant avant tout et refusait systématiquement de fournir gracieusement le moindre petit fruit malgré les supplications du garçonnet.

C’était assez comique à observer de ce qu’il parait. Le petit Galdur finissait par donner des coups de pied boudeurs dans la neige et partait s’asseoir au même endroit, là où il aimait attendre habituellement le marchand de pomme, en grommelant.

Un soir de veillée, un chasseur du village raconta à tous autour du grand feu comment il avait réussi à mettre à mort un ours dans la journée. Il décrivit le piège qu’il avait tendu à l’animal, un trou recouvert de branchage et de neige. Il raconta la lutte terrible et la mise à mort de la bête…
Cette histoire marqua l’esprit du petit garçon mais pas de la façon que l’on pouvait imaginer. Il occulta complètement l’image de l’ours et imagina presque immédiatement son marchand de pomme se débattant dans un piège similaire. Il se voyait déjà lui, victorieux, brandissant une pomme bien rouge.

Le lendemain aux aurores, il se précipita sur le chemin que le marchand empruntait normalement. Il creusa alors un trou.
Il le voulait grand, immense, mais ses petits bras le rappelèrent vite à la raison et il se contenta d’un trou assez grand pour que l’on se prenne le pied dedans. Il recouvrit son trou de la façon décrite par le chasseur Galdur la veille.
Il n’y avait plus qu’à attendre…

Dans la journée, Le marchand apparu à l’horizon.
Il sifflotait gaiement sur le chemin quand tout à coup, il se prit le pied dans le trou et tomba à la renverse. Outch ! Il s’était fait terriblement mal à la cheville. Et toutes les pommes de son panier…. Répandues par terre dans la neige.

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Le garçonnet était caché et attendait patiemment le moment où les gens du village viendraient au secours du pauvre elfe…
Une fois le blessé transporté, le petit Galdur sortit de sa cachette et commença à ramasser les pommes oubliées là, il les cacha à un endroit, toujours le même, cet endroit qu’il aimait tant, là où il attendait habituellement le marchand. Il les recouvrit de neige.

Un peu plus tard, le marchand reparti, accablé, boitillant et s’aidant de béquille de fortune… Il avait perdu sa marchandise et il lui serait difficile de marcher pendant un bon moment à présent. En partant, il regarda le garçonnet d’un œil suspicieux. Le petit Galdur prit un air très triste et souhaita avec grande conviction à l’elfe de se rétablir vite. Le marchand haussa les épaules et partit.

Un peu tous les jours, le petit garçon venait et déterrait un de ses trésors. Il s’asseyait encore et toujours au même endroit et croquait dans son fruit par toutes petites bouchées, pour faire durer longtemps son plus grand plaisir.

A force, il finit par épuiser sa réserve… Et il s’asseyait encore au moment endroit, et il attendait que le marchand revienne. Il ne revint plus jamais. Mais d’autres marchands venaient. Ils apportaient des poires ou du raisin, mais plus jamais de pomme.
Il restait toujours assis et regardait tristement le chemin.

Un jour, alors qu’il était encore assis au même endroit, quelque chose le gêna sous la neige. Il l’écarta un peu…
Quelque chose poussait sous la neige. Une petite pousse. Pile poil là où il s’asseyait si souvent. Il regarda la frêle brindille et eu un petit sourire. Il aimait bien les arbres. Il se dit qu’il en prendrait soin.

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Tous les jours, il venait s’asseoir tout à côté de la brindille pour lui tenir chaud. La petite brindille devint arbuste. C’est étrange ce petit parfum qui s’en dégage.
L’arbuste devint jeune arbre. A bien le regarder, il s’agissait d’un pin. Mais cette odeur si sucrée intriguait vraiment le garçonnet qui était devenu un robuste adolescent. Il continuait de venir aussi souvent que possible entourer l’arbre pour lui tenir chaud. Il oubliait un peu son irrésistible envie de pomme quand il était là contre son tronc.
Le jeune arbre devint un grand pin. L’adolescent était maintenant homme et il avait pris femme. Il eut des petits galdurs qui venaient eux aussi se blottir contre l’arbre.
L’arbre continuait de grandir et le Galdur de vieillir.

Un jour, qu’il était vraiment fatigué, le vieux galdur vint se reposer près du grand pin. Il regardait le chemin et se souvenait de quand il était enfant. Il regarda ensuite les branches du pin qui s’agitaient comme pour répondre à ses souvenirs.
Quelque chose attira son regard, tout au bout d’une branche. C’était rouge. Il écarquilla les yeux. C’était brillant sous la lumière du soleil. Il se leva péniblement.
Comment était-ce possible ? Une pomme ! Il n’avait pas rêvé ! Il réussit à la faire tomber en s’aidant d’une branche morte et au prix d’un grand effort.
Quand il l’eut en main, c’était comme si il retrouvait sa jeunesse. Tellement d’années, privé de ce si doux délice. Oh il en avait mangé des pommes, oui ! Sa femme et ses enfants lui en avaient offerts parfois ! Mais des aussi rouges et parfumées que celui-ci. Il croqua tant bien que mal dans son ultime gourmandise.…

On dit que le vieillard rendit son dernier souffle en avalant le dernier morceau.

Aujourd’hui, le grand pin donne toujours des pommes. Personne ne s’étonne vraiment. Comme si l’arbre changea volontiers sa nature pour faire plaisir à son plus grand ami.
Les enfants du village continuent à se blottir autour du grand pin pour le réchauffer et pour le remercier de donner de si bonnes pommes, si rouges et si douces en bouche, à l’égal de celles de Fénégor.


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 Sujet du message: Dame Nature et le Galdur
MessagePosté: Lun Juin 20, 2011 8:48 pm 
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Dame Nature et le Galdur

Les landes sont dangereuses. Elles abritent des créatures effrayantes et on se demande parfois comment ont pu naitre de telles horreurs.
Ils se racontent parfois dans certains villages, des histoires étonnantes à ce sujet comme celle que je vais vous conter.

Il y a longtemps de cela, au bord du Lac J’awen, vivait un Galdur qui en voulait terriblement à Dame Nature. Il grognait et marmonnait sans arrêt, et on comprenait bien qu’il en avait après elle.

Il n’était pas très poli dans tout ce qu’il pouvait lui dire. Il vidait volontiers plusieurs bouteilles d’outranque d’affilée et éructait bruyamment, comme pour troubler la paix des terres enneigées.
Dame Nature en avait assez de ces protestations dégoutantes. Et puis, ce manque de respect évident sans qu’elle n’en comprenne véritablement la cause fit naitre en elle, une profonde rancœur envers cet individu qui ne payait pourtant pas de mine à voir comme il titubait.
Pour calmer les manières répugnantes du Galdur, elle provoqua une gelée importante tout autour des réserves d’outranque qui figea instantanément le contenu des bouteilles.

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Le Galdur ne fut pas calmé, au contraire. Il protesta de plus belle et de sa voix rocailleuse et fausse bien entendu, il se mit à chanter à tue tête des pamphlets qui ridiculisaient Dame Nature.
Elle rétorqua bien évidemment, fortement contrariée par ces chants insultants qui ressemblaient davantage à un bruit de pierre que l’on raclerait avec une épée émoussée. Elle souffla tout doucement un vent glacial sur la gorge du Galdur, ce qui le rendit aphone.

Le Galdur s’agitait en tout sens en tenant sa gorge. On imaginait bien ce qu’il avait envie de dire. Il tapait dans la neige et brandissait un poing rageur. Dans l’incapacité de crier sa colère, il se défoula sur toutes les bêtes à poil qui passaient par là. Lapins, léopards, loups et ours… Il ne semblait pas vouloir s’arrêter.
Dame Nature véritablement choquée par ce massacre gratuit, réagit également violemment. Elle souffla et souffla fort, très fort. C’est alors qu’une tempête de glace surprit le Galdur.
Qui aurait pu lutter contre ce vent et ce froid extrême ? Quand Dame Nature cessa de souffler, le Galdur était pratiquement recouvert de neige et prêt à rendre son dernier soupir, tant le froid avait cette fois eu raison de lui.

Dame Nature semblait contrite de s’être emportée ainsi. Elle s’approcha du Galdur étendu et l’entendit lui murmurer « J’avais si froid Dame, si froid. Et maintenant, je vais mourir sans honneur. »
Dame Nature eut soudain pitié. Toutes ces provocations n’étaient en fait que des protestations contre le froid qui n’auraient peut-être pas eu de conséquences si meurtrières s’ils avaient su se comprendre, elle et lui.
Ah la Rudesse des Galdurs et la fierté de Dame Nature.

Elle décida que ce Galdur devait vivre mais toute de même irritée par son comportement d’une extrême cruauté, elle lui murmura à l’oreille juste avant qu’il ne rejoigne définitivement la mort: « Galdur, je te recouvre de fourrure. Du froid ne crains plus les morsures. Mais respecte désormais la nature. »

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Et c’est ainsi qu’une nouvelle créature arpenta les Terres gelées. On l’entend parfois encore grogner et râler mais aujourd’hui… c’est après les aventuriers.


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 Sujet du message: Les amants du lac Myr Uan
MessagePosté: Lun Juin 20, 2011 8:49 pm 
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Les amants du lac Myr Uan


Depuis les rives du lac Myr Uan, vous pouvez apercevoir, quand la brume se lève, l’imprenable cité d’Iscalrith, cousine de l’extraordinaire Dra Syn.
Cette cité de glace, quelques temps auparavant était interdite à qui n’était pas né en son sein. Quand la brume du lac ne la cachait pas, les hautes falaises qui l’entouraient, empêchaient le promeneur curieux de distinguer les véritables murs de la cité. Les seuls contacts entre la cité et l’extérieur étaient évidemment quelques échanges commerciaux. Un homme encapuchonné et de haute stature, traversait alors le lac et procédait seul aux échanges avec les colons alentours.

Il y avait autre chose qui s’échappait de la cité.
Tous les jours, au crépuscule et à l’aube, un rituel enchanteur s’opérait. Du haut de la falaise, tout à fait au sud de la cité, là où les brumes ne disparaissaient jamais vraiment, une voix douce et claire s’élevait comme un hommage à la lumière naissante et mourante. Ces chants d’une beauté exceptionnelle, digne de ce peuple à la peau bleue, accentuait le côté mystérieux de la cité de glace.

Cela affectait tout particulièrement un jeune nain qui ne ratait jamais ces moments de grâce. Il était véritablement hypnotisé par ces chants aux accents délicieusement féminins qui magnifiaient les paysages enneigés alentour. Il était complètement sous le charme de la voix inconnue et en tomba irrémédiablement amoureux.
Comment l’atteindre ? Comment lui déclarer cet amour ?

Oh bien sur, il tenta quelques ruses comme tromper la vigilance de l’homme qui venait de la cité de temps en temps, en se glissant à son insu dans sa barque. Mais le grand homme, peu commode, le découvrit et le gratifia rudement de quelques coups de bâtons dans les parties les plus humiliantes de son anatomie de nain.
Notre pauvre nain s’en retourna alors, claudiquant, encore plus triste et désespéré que l’on ne consente pas à le laisser la retrouver et lui exprimer ce sentiment si pure qui l’envahissait de plus en plus à chacun des chants de la belle des brumes.

Il criait parfois de l’autre côté du lac. Il criait des mots d’amour évidemment. Mais seuls les oiseaux lui répondaient en lançant leurs cris perçants comme s’ils lui signifiaient que c’était inutile, qu’elle ne pouvait l’entendre! Il enviait ces oiseaux qui allaient et venaient d’un côté et de l’autre du lac… Cela lui donna une idée…

Et voilà notre nain amoureux qui rédigeait des lettres enflammées, des poèmes passionnés et multitude de pensées tendres… Tout ce qu’il ressentait, tout ce que la belle lui inspirait.
Jamais on n’avait vu nain aussi amoureux.
Il se mit ensuite en tête d’apprivoiser un de ses oiseaux crieurs qui voletaient allégrement au dessus du lac. Et si l’amour donne des ailes, il réussit à dresser une de ces paires d’ailes et l’oiseau porta ses messages d’amour de l’autre côté du lac.

Ainsi la belle recevait régulièrement les lettres du nain. Au début, amusée, elle tomba à son tour sous le charme du romantisme flamboyant des mots de cet admirateur qui vivait en dehors de la cité.
Comment aurait-elle pu rester insensible à la beauté de ces écrits ?
La belle chantait toujours mais ses chants n’étaient plus dédiés à l’astre solaire. Le sujet principal était à présent cet amour naissant, pur et tellement profond qui la liait à ce poète inconnu.

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Et notre nain soupirait, de ces soupirs qui vous fendent le cœur, debout, sur les rives du lac, regardant tristement les brumes qui enveloppaient les falaises. Et une déchirante mélancolie transparaissait à présent dans les chants de la belle qui de son côté ne savait exactement où regarder…
Ils n’en pouvaient plus l’un et l’autre de ne pouvoir exprimer leurs sentiments qu’au travers de mots et de notes.

Un jour, le nain prit la folle décision d’aller à l’encontre de l’interdit et d’enlever la jeune fille. Il lui expliqua dans une lettre comment il comptait s’y prendre. Il lui donna rendez vous, au milieu de la prochaine nuit sans lune. Elle devait l’attendre tout en haut de sa falaise et jeter une longue, longue corde lorsqu’elle apercevrait tout en bas la lueur d’une lanterne à travers l’épais brouillard.

Cette fameuse nuit arriva enfin. Le nain appareilla une barque et traversa le lac. Il était grand ce lac. Il lui fallu du temps et beaucoup de courage ! Mais porté par l’amour et l’espoir de le vivre pleinement enfin, il pagaya avec toute la fougue que son petit corps pouvait fournir.
Arrivé au pied de la falaise, il agita comme convenu la lanterne et vit alors une corde se dérouler jusqu’à lui. Il l’attrapa et sentit dans ses mains les vibrations de quelqu’un qui glissait le long de la corde. Jamais, celle à qui toutes ses pensées étaient dédiées n’avait été si proche de lui et son petit cœur de nain s’emballa plus que de raison.

Enfin, il la vit sortir de la brume et poser le pied gauche en premier dans la barque, puis l’autre… Il leva doucement les yeux. Elle était grande…
Elle se retourna, frémissante, et chercha du regard son aimé… Elle baissa lentement les yeux. Il était petit…

Elle eut un mouvement de recul dans sa surprise, de ses mouvements qui font rapidement perdre l’équilibre lorsque l’on est sur une frêle esquisse. Elle bascula et tomba à l’eau. Le Nain en essayant de la rattraper, la suivit dans les eaux glacées du lac.

Au petit matin, on trouva la petite barque, voguant seule au milieu des brumes du lac.

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La cité finit par s’ouvrir petit à petit au reste des terres gelées. Les étrangers étaient maintenant acceptés. Il fut même question un jour de construire un pont pour faciliter l’accès à la ville.
On raconte que le jour où la première pierre de l’ouvrage fut posée, on entendit deux sons étranges semblable à des cris humains et résonnant à l’unisson. Ils donnaient l’impression de venir de partout sur le lac.
Les sages de la cité se concertèrent et se souvinrent alors de cette tragédie. Ils décrétèrent que jamais il ne serait facile de rallier la cité, en souvenir de cet amour pur mais déçu.
De telle façon fut comprise la longue plainte, celle de deux amants perdus à jamais dans les brumes du lac Myr Uan.


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